Nous franchissons à peine la porte d’entrée que nos yeux s’illuminent au regard de la beauté radieuse et apaisante de Dar Eyquem.
Nous nous empressons alors de visiter des lieux : une grande maison aux voûtes harmonieuses, un petit marabout oublié et un immense jardin qui donne sur une plage bleu lagon. Dar Eyquem est un joyau historique et culturel de Hammamet, ville côtière au paysage paradisiaque.
Une villa chargée d’histoire
Conquis par le charme indicible de la villa, nous sommes à peine étonnés de découvrir que celle–ci a reçu des écrivains de renom. Bernanos y rédigea le « Dialogue des Carmélites » et c’est sous la véranda protégée par les faux poivriers, que Gide faisait sa partie d’échecs. C’est là aussi que la pasionaria Simone Zehrfuss, amie de Bourguiba, ex-femme de l’avocat Jacques Eyquem, ensuite épouse de l’architecte Bernard Zehrfuss, a reçu les jeunes nationalistes du Néo-Destour.
Reconstruire une ambiance créative
Après la dénommée « Révolution de jasmin », l’idée de contribuer au mouvement culturel tunisien a germé chez Emmanuelle Boetsch, la propriétaire actuelle des lieux. Elle a alors décidé de reconstituer l’ambiance de création dont l’espace a été le témoin autrefois, en l’ouvrant à de multiples activités artistiques.
Pour ce faire, Emmanuelle s’est alors entourée de Shiran Ben Abderrazak, acteur culturel et auteur tunisien.
L’idée d’une collaboration entre Shiran et Emmanuelle a fleuri au détour d’une conversation à propos d’une « promenade théâtrale dans la villa » qui reprendrait des pièces de Shakespeare à la tunisienne et s’intitulerait « Shakespeare ettounsi ». Une idée en amenant une autre, Shiran et Emmanuelle ont d’abord pensé à faire une résidence théâtrale dans la villa avant de réfléchir à pérenniser son activité culturelle en la transformant en institution.
En travaillant de concert, Emmanuelle et Shiran se donnent trois missions principales pour réussir la reconversion culturelle de Dar Eyquem. Le premier objectif est de faire collaborer des artistes tunisiens et étrangers, le deuxième de permettre un accroissement des compétences créatives des artistes tunisiens à travers des collaborations et des workshops et enfin, occuper le désert culturel en se concentrant sur les arts de la scène. C’est donc là un parti pris culturel de la part des deux instigateurs du projet, pour contrebalancer le vide imposé par le dernier régime en place.
Pour le volet de résidence, Dar Eyquem lancera régulièrement des appels à projets qui feront appel à des directeurs artistiques. De même pour le volet workshop et masterclass, qui se fera dans le cadre d’appels à candidatures avec l’intervention de divers experts lors des formations.
Enfin, Dar Eyquem veut également produire ses propres spectacles avant de les faire voyager dans le pays et ailleurs.
La philosophie Dar Eyquem
Au-delà du lieu physique, Dar Eyquem est bâtie sur une philosophie de vie à part entière. L’activité culturelle de l’espace n’est en effet pas confinée à son existence concrète. Emmanuelle et Shiran ont l’intention d’en faire un espace vivant, qui exporte des spectacles itinérants dans le reste du pays et favorise les échanges entre les régions.
Au fil de nos conversations, nous cernons chez eux une réelle volonté d’accompagner les jeunes créateurs qui ont besoin d’encadrement, regorgeant d’un potentiel que la dictature ne leur a pas permis de développer.
Un autre cheval de bataille de Dar Eyquem est en effet la promotion des collaborations et des échanges Sud-Sud. L’idée est en effet de s’ouvrir aux autres pays du Maghreb pour les workshops, mais aussi d’inviter des troupes et des groupes venus d’autres pays arabes ou africains.
« En confrontant les identités, on veut en faire émerger les problématiques » nous confie Emmanuelle.
Et d’ajouter :
« Notre objectif est que la Tunisie réussisse sa transformation par la culture et puisse peut être essaimer ailleurs ».
Le programme des réjouissances pour 2016
L’année passée, Dar Eqyem a accueilli des artistes de renom de manière informelle : les frères Gharbi ou le collectif Arabstazy. Le programme de la villa pour l’année à venir débute en février, avec une exposition inédite autour des jardins, de l’artiste Jalel Gastli, intitulée : « D’un jardin à l’autre ». Par la suite, l’espace accueillera une résidence de théâtre de rue, de danse contemporaine, puis de musique dans l’idée de confronter les formes de la transe traditionnelle et contemporaine.
Ainsi, le charme inouï de la villa Eyquem se conjuguera à une vie culturelle animée, qui promet de faire vibrer d’art et de culture une des principales destinations touristiques de la Tunisie.
très bonne découverte de cette institution culturelle
Dommage j’ai raté des belles choses! Pouvez vous donner votre adresse? Merci
Bonjour. Belles initiatives. Est ce que votre espace se prete pour des séances de débats