17 septembre 2015
17h – Train entre Tanger et Rabat
Les bras tendus, je tiens mon clavier d’une main et tape de l’autre en frôlant ceux de ma voisine. Comme le train fait son départ à Tanger, nous avons réussi à trouver des places dans un wagon où nos back-packs se sont entassés auprès de cargaisons de fromage rouge (edam), biscuits, couettes et autres produits provenant d’Espagne qu’une dame transportait. Ce commerce est courant auprès de plusieurs mères de famille qui voyagent hebdomadairement à Tanger pour s’approvisionner à bas coût en produits exportés et les revendre, à profit, par la suite dans leurs villes.
Les autres femmes qui nous ont rejoint, se sont plaintes, à tour de rôle, de mal de dos, de vertige ou encore de tension artérielle pour justifier leur course effrénée aux sièges restants.
Nous restons apaisés après une agréable matinée qui nous a empli de quiétude. Le secret : un réveil en douceur entre des draps savamment brodés, une petite marche vers le quartier espagnol et un café au lait « nssnss » (ou moitié lait-moitié café) en bas de la rue Sidi Hossni.
Quand l’alarme de nos téléphones a sonné ce matin, nous avons tous eu du mal à quitter cet appartement accueillant du quartier de Mershane. Si la façade de l’immeuble rappelle le faste de l’architecture coloniale hispano-mauresque, l’intérieur est d’une modernité incontestée. Le goût de Sido s’y reflète et on y retrouve certains de ces travaux. Issu d’une famille de brodeurs, il modernise ce savoir-faire et conçoit des toiles graphiques en reprenant, aux points, des dictons marocains souvent satiriques.
Ensuite, c’est aux portes du quartier espagnol, un peu plus loin de la fameuse corniche du détroit que nous avons du nous rendre . Tabadoul, un espace culturel hors du commun a ainsi choisi de s’implanter aux confins d’un arrondissement, autrefois, périlleux.
L’odeur du hashish et les carcasses de pots de colle abandonnées dans le terrain vague que nous avons croisé sur notre chemin, nous ont rappelé l’urgence de multiplier des actions culturelles et sociales dans plusieurs quartiers de la ville où délinquance, trafic de drogues et racisme envers les subsahariens sévissent.
Et pour notre dernière journée dans la capitale du Boughaz, un pèlerinage au café Baba s’imposait. Nous avons traversé la Place du Mechouar où une harmonie particulière régnait ce matin. Des refrains arabo-andalous se dégageaient mélodieusement depuis un petit 15m2 aux abords du musée de la Kasbah. L’association « Les fils du détroit », reine des lieux, y jouait. L’âge avancé des six amis qui constituent la troupe leur conférait un charme inouï. Leurs rides souriantes, leurs voix chantantes et les cordes vibrantes de leurs luths en bois témoignaient de l’allégresse d’un temps perdu.
Un peu plus loin se trouve le légendaire café où nous nous sommes obstinés à nous rendre. Le café « Baba ». «Baba», au nom de l’ancien serveur en Djellaba que côtoyaient les habitués de ce lieu mythique des années 60. Dans la liste figure les Rolling Stones, Jack Kerouac, Jean Gennet ou encore Kofi Annan.
Entre les murs bleus de ce petit havre de paix, là-même où un certain Keith Richards a pu gratter quelques accords ou un Tennessee Williams tracer quelques lignes, des jeunes et moins jeunes prennent le temps de siroter leur boisson et de prêter l’ouïe à leur voix intérieure ou comme on dit en langage local « Ecouter le bruit de leur ossature ».
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