16 septembre 2015
11h02 – Boukhalef
Réveillés de bon matin par un soleil toujours aussi éclatant, c’est la route de Boukhalef que nous prenons cette fois. A une demi-heure du centre ville en voiture, notre route nous mène au Fab Lab, situé au cœur du campus universitaire, à l’arrière de l’ENSA.
Chaleureusement accueillis par Mustapha Ouardouz et ses étudiants, nous découvrons un espace qui aide la créativité et l’innovation de la jeunesse tangéroise à s’exprimer et à devenir tangible.
Le Fab Lab Tanger est, en effet, un lieu communautaire de conception et de réalisation d’objets physiques. C’est une contraction de “Fabrication Laboratory”, un concept international qui permet à toute personne (artiste, designer, ingénieur, développeur, bricoleur, étudiant, citoyen, etc.), quel que soit son niveau de formation de venir expérimenter, apprendre ou fabriquer tous types d’objets (objet artistique ou design, objet interactif, objet technique, prototype, etc.). Pendant les quelques heures qu’aura duré notre rencontre, nous découvrons l’espace et ses possibilités techniques à travers les projets que nous présentent ses fondateurs et les jeunes créateurs de start-up qui y travaillent quotidiennement.
Comblés par l’enthousiasme de ces personnes, qui fondent beaucoup d’espoir dans les initiatives émanant de la jeunesse du monde arabe en général, nous reprenons un taxi vers le centre, des étoiles plein les yeux.
16 septembre 2015
18h38 – Centre Ville de Tanger
Après notre virée dans le Tanger à l’urbanisation sauvage et désorganisée, nous retournons au cœur historique et à ses marchés, ses couleurs et son tohu-bohu d’odeurs, agréables et nauséabondes. Nous avons rendez-vous à la Librairie des Insolites, véritable « cabinet de curiosités » comme aime à le désigner sa fondatrice, Stéphanie Gaou.
Nous visitons ce lieu faisant à la fois office de galerie d’exposition, de librairie et d’espace de rencontre ; puis faisons la connaissance de Yassine Chouati, qui, tout juste rentré de Séville, partage avec nous son expérience de l’art et son point de vue sur la question de l’arabité.
Dans ce centre névralgique de la culture tangéroise, nous allons de rencontre en rencontre. Enora Keller, dont les photographies sont actuellement mises à l’honneur dans la librairie, dans le cadre de son exposition « Al qahira, al sarkha dakhilia ; L’implosive » (Trad « Le caire, le cri intérieur ») s’y trouve justement cet après-midi là.
Partie en 2014 en résidence d’artiste de théâtre au Caire, Enora en garde une expérience troublante. Entre l’amour de la chanson, entonnée partout dans la ville, l’humour sarcastique des Cairotes et le chaos des rues, des cœurs et des corps, la jeune femme bouleversante peine à trouver ses mots. Mais ses photos parlent pour elle. En noir et blanc, constellées d’éclats, de déchirures et pleins d’ironie, les images d’Enora sont saisissantes. Les titres en français et arabes, ne sont pas exactement des traductions l’un de l’autre, ils se complètent et s’imbriquent. Ces contradictions cultivées et mises à nu par Enora immortalisent « le témoignage d’une authentique cité en implosion ». Elles poussent le spectateur à aller au-delà de l’image pour interroger les fondements d’une société en constante (r)évolution.
Cette quatrième journée à Tanger se termine donc sur un avant-goût de notre expérience en Egypte, en noir et blanc, entre excitation et appréhension, espoir et peur. Après un passage devant le théâtre Cervantès, nous regagnons notre demeure d’adoption à la Kasbah; en rêvant de la force avec laquelle ont pu vibrer les murs de ce théâtre qui date de 1913.