Le temps d’un documentaire, Sonia Terrab nous fait découvrir une troupe de théâtre revisitant la pièce de Shakespeare « Songe d’une nuit d’été » en darija. L’occasion de découvrir l’amour en marocain.
La plus grande et la plus sombre, faite d’histoires et d’amours cachés, Casablanca s’ouvre à la troupe de théâtre Jouk Attamthil Albidaoui, dirigée par Ghassan El Hakim. Le temps d’un documentaire, réalisé par Sonia Terrab, la ville blanche parle aux comédiens préparant la version en darija de « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare. En arabe dialectal et des fois en français, la ville et ses habitants leur apprennent la manière d’aimer de ce côté de la Méditerranée, comment l’amour continue à vivre face aux aléas sociaux ou encore aux traditions.
L’amour pour tous
Avec son équipe, Sonia Terrab suit cette troupe marocaine durant leur préparation. Elle nous fait découvrir de jeunes comédiens qui, eux-mêmes, découvrent un sentiment dont certains n’ont probablement jamais entendu parler. Le contact avec les passants se fait de questions simples et des fois de mises en scène. « Comment dire je t’aime en darija ? », les interroge-t-on par moment ou encore « comment aimer quelqu’un dont nos parents ne veulent pas ? », dilemme auquel monsieur Tout le monde est invité à trouver une solution. Face à ces questions, les Bidaouis (habitants de Casablanca) se prêtent au jeu et acceptent souvent de répondre, en toute naïveté ou avec humour pour détendre l’atmosphère.
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Au-delà de la troupe, le documentaire, diffusé dimanche dernier sur la deuxième chaîne nationale, invite les Marocains à penser l’amour, non pas comme thème de feuilletons, de chansons ou d’une quelconque œuvre artistique, mais comme peut-être l’événement d’une vie ou son noyau. Il voit l’amour comme un rapport avec son (sa) bien-aimé(e), ses parents ou même sa personne. Pour d’autres, l’amour peut tout aussi bien être lié aux études, à une vie qu’on aurait voulu entreprendre et qu’on a fini par perdre. En somme, des chagrins d’amour mais aussi des moments de liesse et de joie, remontant aux souvenirs d’antan ou à l’été dernier.
L’amour selon Sonia Terrab
Ce n’est pas la première fois que Sonia Terrab pense l’amour. Même s’il est ici question de son premier documentaire, dans son dernier roman, La révolution n’aura pas lieu, l’amour est omniprésent, flirtant, comme dans le documentaire, avec le charme d’une ville sombre, à première vue sale, mais qui cache son romantisme sans pour autant le rejeter. Dans ce roman, Ylias aime Meya et n’arrive pas à la cerner ni à l’accepter comme elle est. Finalement, il voit ce sentiment qu’il voue à cette « sauvage », rebelle, de 20 ans, comme un processus d’acceptation de soi, de son propre être. En filigrane des deux oeuvres, on pourrait dire qu’aimer en marocain, en darija, c’est savoir aimer comme on le fait au Maroc, et s’accepter pour ensuite songer, dans un premier temps, à sa révolution intérieure. C’est là tout le charme, non vain, de l’amour à Casablanca.
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