C’est dans la belle de ville de Safi que se déroule le tournage de Tentations, le premier court-métrage du jeune réalisateur Mohcine Nadifi. Celui-ci a choisi la corruption, la drogue et les jeunes comme sujets principaux. Un policier galérant à boucler ses fins de mois, dont la femme est enceinte, face à des jeunes insouciants, se croyant tout permis. ONORIENT l’a interviewé pour vous.
Pourquoi avoir choisi de parler des Tentations ?
J’ai avant tout voulu dénoncer. La drogue et la corruption ont des effets dévastateurs sur nos sociétés. En cédant à ces tentations, on contribue à notre perte. J’estime aussi que la corruption est l’essence même de nos problèmes sociaux. Je n’ai pas de morale à donner à ce sujet, tout le monde sais ce qui se passe. J’espère que mon message est clair, je dis tout simplement qu’en prenant ou en donnant de la corruption on s’auto-détruit, et ça ne peut avoir qu’un impact négatif autour de nous. Peu importe le niveau social, je pense que personne ne devrait être au dessus de la loi. La drogue et la corruption font aujourd’hui partie de notre culture et il est temps qu’on ouvre les yeux sur la gravité de la situation et qu’on chasse ces fléaux de façon radicale. Je suis un artiste, certes, mais je ne peux pas garder le silence quand c’est aussi révoltant. J’aime mon pays, j’aime mon prochain et je ferai toujours de mon mieux pour secouer, et surtout partager cet espoir qui me permet d’avancer et de continuer à croire à un Maroc et un monde meilleur.
Nous vous avons vu en tant qu’acteur, notamment aux côtés de Said Taghmaoui dans Mogadiscio. Aujourd’hui, vous avez réalisé votre premier court-métrage, comment avez-vous vécu cette première expérience ?
J’ai fini le tournage de Tentations en 2008, cette expérience a été des plus palpitantes et encourageantes. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à aimer encore plus ce milieu et à m’envoler pour le Canada afin d’y faire des études en production cinématographique, et ensuite, à réaliser deux autres court-métrages: Colors and Destiny et L’esclave du Mâl(e).
Nous avons assisté ces derniers mois à une polémique opposant l’art propre à l’art sale, que pensez-vous de cette distinction et dans quel côté situeriez-vous votre art ?
Il n’y a pas d’art propre ou d’art sale à mes yeux. Un artiste devrait avoir la liberté de s’exprimer comme il le souhaite. Le spectateur a aussi la liberté de ne pas aller voir un film et de le critiquer de manière constructive. C’est d’ailleurs ce qui nous permet d’ouvrir le débat, d’avancer ensemble, et de créer un lien entre le spectateur et le cinéaste, telle est ma vision. Si je devais qualifier mon art, je choisirai sans hésitation le terme « libre » tout comme je voudrais qu’il en soit pour mon pays.
Que pouvez-vous dire aux jeunes marocains qui souhaitent aujourd’hui faire carrière dans le cinéma ?
Qu’il faut avoir un peu de talent, du courage et qu’il suffit d’aimer regarder des films pour en faire un bon.