Le 29 avril prochain sortira, sur le Labelle Tartine, le troisième album de Labess : vingt-deux titres porteurs de multiples influences et emmenés par la voix chaude du chanteur-auteur-compositeur algérien Nedjim Bouizzoul. Un groupe à voir (ou à revoir) sur scène, le 30 avril, au Café de la danse.
Un hommage musical au voyage
Sans artifices, la musique de Labess (“Tout va bien” en arabe) fusionne, mélange et bouscule les codes des musiques traditionnelles. Elle vous entraîne dans une heureuse déambulation entre l’Afrique du Nord, l’Andalousie et l’Inde, escales inévitables et ports d’attaches centraux dans la quête musicale de Labess, qui rend ainsi hommage à l’itinéraire historique des gens du voyage.
L’Andalousie, avec son flamenco et son attachement à la guitare, occupe une place centrale dans cet album. Réappropriation des harmonies, “falsetas” (solos de guitare servant a ponctuer le chant ou la danse) et “palos” (familles rythmiques de flamenco) traditionnels tels que les tangos, sont autant d’éléments qui nous ramène à l’art du célèbre Paco de Lucia.
Le voyage de Labess se poursuit de l’autre coté de la Méditerranée, en Afrique, berceau des rythmes gnawa, et chaabi, déjà présents dans les albums précédents Tout va bien et Identité. Labess interpelle par les ponts qu’il crée entre ces deux continents et ces deux rives. Cependant, son voyage ne s’arrête pas là puisque l’album laisse également place au blues, à une clave entraînante et à la chaleur des cuivres propres à ces fanfares d’Amérique du Sud. Toutes ces influences se mêlent dans la rumba, patrimoine musical incontournable de la culture gitane proposé comme véritable matrice, mais également liant, de ses compositions.
Des sonorités porteuses de messages
Les puristes du genre musical ne s’y reconnaitront pas, et pourraient y perdre leurs repères ! Pourtant, par cette invitation au voyage, le troisième album de Labess a quelque chose de libérateur. Il parvient à faire dialoguer diverses cultures musicales et trois langues différentes (arabe, espagnol et français), avec des textes ancrés dans la réalité, parfois brutale, du monde qui nous entoure. D’une voix profonde, Nedjim Bouizzoul chante la douleur de l’exil, les amours perdus ou les luttes politiques. Avec sincérité, il donne la parole à d’autres voix telles que celle de Rémi Villeneuve dans Slam, morceau associant la poésie à l’engagement. Il rend également un hommage émouvant aux grandes voix de la chanson française, à l’instar de Georges Moustaki (« Ma liberté »). Enfin, au détour d’une chanson, des personnages quasi-burlesques, tels que « Didi Borracho”, viennent habiter les compositions de Labess, et se font porte-parole d’un regard a la fois tendre et réaliste posé sur la vie quotidienne.
La route est l’un de ces albums où l’on accepte volontiers de se laisser porter vers l’inconnu. Au son des “Ole”, des “Awa” et des envolées instrumentales, les chansons de Labess vous entraînent à la découverte de contrées musicales nouvelles dans une quête musicale sincère.
S’il est ancré dans un réalisme certain, cet album est, avant tout, un concentré d’optimisme qui nous fait une belle promesse, celle de la diversité culturelle et du vivre ensemble.