“L’histoire du discours sur l’autre est accablante. De tout temps, les hommes ont cru qu’ils étaient mieux que leurs voisins; seules ont changé les tares qu’ils imputaient à ceux-ci.” écrivait Tzvetan Todorov dans la préface de l’édition française de l’Orientalisme d’Edward Saïd.
Cette dépréciation revêt deux dimensions complémentaires : d’une part, on considère son propre référent comme étant unique, ou du moins normal; de l’autre, on constate que les autres, par rapport à ce cadre, nous sont inférieurs.
On peint donc le portrait de l’autre en projetant sur lui nos propres faiblesses; il nous est à la fois semblable et inférieur. Mais ce qu’on lui a refusé avant tout, c’est d’être différent : ni inférieur ni (même) supérieur, mais autre, justement.
Qu’il soit différent par sa culture, son sexe ou sa religion, l’autre est une figure polymorphique qui trace le cercle d’une communauté en excluant l’altérité. D’une société à l’autre et d’une époque à la suivante, ces figures se métamorphosent mais la logique d’exclusion reste une constante.
Après avoir défini les bases de l’orientalisme et son historicité dans la première conférence du cycle, nous nous intéresserons ici à la construction des figures de l’altérité pour voir en quoi ces dernières se font écho.
INTERVENANTS
BRUNO DUMEZIL, maître de conférences en histoire médiévale à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, spécialiste du haut Moyen-Age et auteur de nombreux ouvrages sur les barbares.
NACIRA GUENIF SOUILAMAS, philosophe et sociologue, professeure émérite à l’Université Paris Diderot-Paris 7 et spécialiste de la philosophie orientaliste. Elle a reçu en 2016 le Prix Frantz Fanon.