To My Land. Récits de vie pour la compréhension d’un conflit

My Land, le documentaire de Nabil Ayouch, sorti plus tôt en 2013 au Maroc, a  désormais son successeur. Un web-documentaire interactif qui nous fait voyager en 14 étapes.

Dans My Land, Nabil Ayouch était parti à la rencontre de citoyens palestiniens de différents horizons pour nous livrer leur vie, leurs frustrations mais aussi leurs espérances. Ces vidéos étaient ensuite proposées et commentées par des Israéliens qui nous livraient des impressions surprenantes, entre compassion, rejet et indifférence.

Si la thématique se veut désormais universelle, Nabil Ayouch avait entrepris un circuit introspectif qui le touche personnellement avant tout, il l’explique d’ailleurs au début de My Land. Né d’un couple judéo-musulman, il s’est toujours senti concerné par ce conflit sans fin de deux pays qui n’arrivent toujours pas à arriver à un compromis de paix.

Pour la réalisation de My Land, Nabil Ayouch a effectué des allers-retours persistants pendant 7 ans en terres israélo-palestiniennes à l’affût des témoignages et des récits de vie, afin de peaufiner l’angle de son documentaire et enfin, aboutir à un film qui se concentre sur les visages et les lieux, leurs connotations, histoires et prises de position.

C’est ainsi que Nabil Ayouch a filmé de longues heures d’interviews, de paysages et de routes qu’il n’a naturellement pas pu intégrer à son documentaire final. To My Land, son successeur, renvoie donc au processus même de la création cinématographique. Des heures et des heures d’enregistrements, qui pourraient rester enfouies dans les archives du réalisateur, ou mieux, être retravaillées et présentées dans un moule intelligent, comme c’est le cas de ce web-documentaire.

To My Land n’est pas la suite de My Land, ni son making-of. C’est un peu l’arrière-scène du film que le réalisateur nous invite à pénétrer, des mois après la sortie du film original. Se déployant autour d’une carte, celle du voyage de Nabil Ayouch, le web-documentaire est ponctué de stations, où chaque lieu est différent, de son paysage à l’ambiance régnante, en passant par les positions des personnes rencontrées et les impressions capturées. Ces personnes qui se livrent en toute intimité à la caméra du réalisateur en racontant des récits de vie et des anecdotes, parfois drôles, mais toujours teintées d’amertume. Ils apportent ainsi leur pierre à l’édifice pour inviter le spectateur à porter un regard fluide sur la situation de ce territoire, le plus proche de la réalité.

Le film commence à Paris, avec un entretien avec Yvonne, sa grand-mère, qui évoque le mariage de sa fille avec un musulman à l’époque. Une première station très personnelle que le réalisateur avoue avoir voulu intégrer à My Land, mais qui n’avait plus lieu de prendre place dans le documentaire qui disposait d’un concept strict. To My Land nous emmènera par la suite à Sabra et Chatila et à Ramallah, entre autres, en passant par Tel-Aviv.

Nabil Ayouch récidive en nous proposant un angle de vue engagé sur le conflit israélo-palestinien. Il omet consciemment de se concentrer sur les politiques  et choisit plutôt de zoomer sur les occupants des lieux, leurs impressions et leur vécu, parce que ce sont finalement les premiers concernés et les plus aptes à développer des récits intimes et vrais. Le réalisateur poursuit donc sa quête de questionnement de l’autre, qui le renvoie intrinsèquement à ses racines, et qui nous fait le plaisir de partager cette quête identitaire continue avec nous à travers un format innovant et unique en son genre au Maroc.

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