ONORIENTUNES #18 : Metal


En Orient, le metal s’est surtout fait connaitre à la fin des années 80, dans des pays où tradition et conservatisme se conjuguent souvent avec un pouvoir autoritaire et des intuitions défaillantes, les cultures dites alternatives dont fait partie le metal sont aussi un moyen de résistance face à l’ordre établi. Dans ces pays, la censure est fréquente il est difficile de faire une musique aussi extrême que le metal, surtout que celle-ci joue sur des imageries religieuses et sur les lignes rouges.

C’est justement quelque temps avant les attentats du 16 mai 2003, dans une scène musicale marocaine en pleine ébullition, qu’une affaire va braquer les regards sur le royaume, celle des satanistes. En février 2003, la police arrête 14 jeunes et procède à la perquisition de plusieurs instruments de musique, t-shirt et objets. Ces derniers serviront de pièces à conviction lors d’un procès, où 14 jeunes marocains de différents groupes de la scène metal de l’époque sont accusés de satanisme et d’avoir « ébranlé la foi des musulmans ». Reda Allali, chanteur du groupe Hoba Hoba Spirit (dont un des membres était parmi les accusés) racontera plus tard dans un reportage de ARTE une scène hallucinante lors du procès où le juge demande à l’un des accusés, brandissant un cendrier en forme de crâne, « Est-ce que ceci est le crâne de Satan ? ». Le procès débouchera sur des peines d’emprisonnement entre un mois et un an, avec des amendes de 500 à 3000 DH. Face à la mobilisation de la société civile et à l’impact médiatique de l’affaire à l’international, les 14 seront relâchés mais seulement 11 d’entre eux seront blanchis.

Sans pour autant faire de la sociologie de comptoir, il est clair que pour les jeunes issus des milieux défavorisés ou de la classe moyenne, la musique est, entre autres, un des moyens de rébellion possibles. Il n’y a qu’à voir le Boulevard des jeunes musiciens. Ce défouloir pour la jeunesse l’est surtout pour une jeunesse qui n’a pas grand-chose à perdre. C’est pour cela que Les anges de Satan et Les étoiles de Sidi Moumen ne sont pas si différents les uns des autres. Ils sont rebelles mais ne vivent pas cette rébellion de la même façon.

 

 

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