Alors que son livre Les étoiles de Sidi Moumen n’a pas encore fini de faire parler de lui, notamment depuis son adaptation au grand écran, Mahi Binebine revient avec Le Seigneur vous le rendra, une autre histoire toute aussi bouleversante d’un bébé de la grande place de Marrakech.
Ce n’est pas une surprise ni même une première fois. Pour dénicher ses personnages, Mahi Binebine s’en va les chercher dans les bas-fonds de la société. Donnant ainsi la parole aux laissés pour compte et aux oubliés de ce monde. Car ce sont bien eux qui sauront dépeindre toute la laideur de ce monde, ainsi que sa beauté. D’ailleurs c’est ce dont il est question ici, dans Le Seigneur vous le rendra, avec pour personnage principal un bébé que sa mère loue aux mendiantes afin de susciter la tendresse et la pitié des passants de tous les jours. Si la location de son enfant s’avère être un commerce rentable pour le petit foyer, il se trouve qu’au grand dam de la mère, le temps, lui, n’attend pas. L’enfant grandit intellectuellement et physiquement. Commence alors une souffrance quotidienne pour le petit où il se voit enserré dans des bandes par sa mère qui refuse de le voir grandir puis déformé, ressemblant ainsi à une momie. Une momie à qui on refuse le droit de grandir, de marcher, de parler et de tout simplement vivre. Le roman nous dévoile avec malice le quotidien de ce petit enfant qui a pour surnom P’tit pain et qui restera cloîtré dans cette misérable vie. Cela, jusqu’à ce que l’enfant fasse la découverte de la littérature et de l’amour. Des petites découvertes qui ne feront que changer le regard qu’il portait naguère sur le monde mais surtout sur sa mère.
Exercer correctement le métier de bébé n’est pas donné à tout le monde.
Avec ce roman, Mahi Binebine met à nu sa ville natale qu’est Marrakech. Fidel à son habitude, il nous dévoile encore une fois la tristesse de la condition de jeunes à l’image des frères de P’tit pain ou encore la fatalité qui sévit sur des bébés comme ce qui arrive au narrateur. S’il y a toujours une crainte de dévier dans le pathétique avec ce genre d’histoire, Mahi Binebine réussit merveilleusement le pari de parler d’un sujet aussi sérieux avec humour et délicatesse. Cela sans se garder de toucher le lecteur.
Raison on ne peut plus convaincante pour aller se procurer le livre, sorti aux éditions Fayard en France et aux éditions Le Fennec au Maroc.
Mahi Binebine est né en 1959 à Marrakech, s’installe à Paris en 1980 pour y poursuivre ses études de mathématiques qu’il enseigne pendant huit ans. Il se consacre ensuite à l’écriture et à la peinture. Plusieurs de ses romans sont traduits en une dizaine de langues. Ses peintes font partie de la collection permanente du musée Guggenheim de NewYork. Il revient à Marrakech en 2002 où il vit.
C’est toujours autour d’une ville, que ça s’articule, un écrivain marocain. Je trouve ça barbant à la longue