Les saltimbanques métissés de l’Orchestre National de Barbès

Une partie de l'équipe de l'ONB au festival Solidays, le 27 juin dernier

Ils étaient l’une des têtes d’affiche de la dernière édition du festival Solidays qui s’est tenue du 26 au 28 juin dernier, à l’hippodrome de Longchamps à Paris. Onorient a rencontré trois des membres de l’Orchestre National de Barbès. Récit.

Ça débute par une (presque) catastrophe. L’auteur de ces lignes n’ayant pas pour immense habitude de respecter les horaires, se pointe à l’espace presse du festival Solidays avec une bonne vingtaine de minutes de retard, alors que l’interview ne doit durer qu’un petit quart d’heure. Mais, l’honneur est sauf : l’Orchestre National de Barbès a une demi-heure de retard.

Le rêve. Les trois membres de l’ONB t’accueillent comme un frère. T’aurais presque envie de faire péter le bouchon de liège avec eux, en plein cagnard, dans l’espace quasi-champêtre réservé aux journaleux et autres photographes de presse. Pour la petite histoire, l’ONB traîne ses guêtres de saltimbanques métissés depuis 1995, date du premier concert du groupe, au New Morning, salle parisienne où les plus grands noms du jazz ont leurs habitudes.

« World Music » : la rupture du 11 septembre

Quand tu leur demandes comment ils perçoivent l’évolution de la scène dite « world » puisqu’ils en sont un des ambassadeurs, ils te répondent qu’il y a eu différentes périodes en dents de scie : la musique africaine dans les années 80, avec le guinéen Mory Kanté ou le sénégalais Youssou N’Dour, la musique arabe dans les années 90 avec Rachid Taha, Faudel ou eux-même, l’ONB, avec l’apogée de la Coupe du Monde 1998 et son slogan-étendard « Black, Blanc, Beur ». Mais pour eux, 2001 et le 11 septembre, c’est la rupture, avec tout l’imaginaire du terrorisme islamiste que cela implique.

Le public français reste pourtant pour eux un public réceptif à la « World« , avec son lot de festivals dédiés (Les Escales à Saint-Nazaire, Au fil des Voix à Paris, Villes des musiques du monde en Seine Saint-Denis…) et ses nombreux groupes aux inspirations métissées. Mais pour l’ONB, son public ne se limite pas à des français mélomanes avertis.

Il n’y a pas de types de public, tout dépend de l’endroit où tu vas jouer (…). L’ONB peut autant jouer dans un festival de musique du monde que dans un festival de jazz.

Du tango à Ibrahim Maalouf

Aujourd’hui, leur inspiration, ils la puisent un peu partout, que ce soit dans le tango, la chanson à texte (André Minvielle, Lhasa de Sela,…), que dans le chaâbi des débuts ou la musique indienne. Des nouvelles têtes de la « World », ils citent d’emblée le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf ou le pianiste Bachar Mar-Khalifé, fils du célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Leurs projets pour les semaines et les mois à venir ? Un nouvel album à la rentrée.
Pour le moment, l’ONB n’est pas encore retourné en studio, mais chacun des membres commence à réfléchir de son côté à diverses idées de morceaux et de mélodies.

On approche de la fin de l’interview et on en oublierai presque la raison de leur présence cet après-midi : Solidays. Ils souhaitent remercier l’ensemble des bénévoles du festival pour leur accueil.

Et puis le Sida, aujourd’hui, c’est pas assez médiatisé, ça passe un peu par dessus la tête de tout le monde, alors que ça touche toujours des milliers de personnes !

Un groupe engagé, généreux et solidaire donc.

 

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