Kiosk. Voyage dans l’underground iranien

Créer de la musique en Iran aujourd’hui n’est pas chose facile : règles de censure, situation précaire dépendante du bon vouloir des autorités et police tatillonne finissent d’achever les plus optimistes. Pourtant, c’est dans cette situation complexe que de nombreux groupes de musique naissent. Un foisonnement musical qui ne cesse de surprendre. Voyage dans l’underground Iranien avec Kiosk.

Kiosk fait figure de symbole à cet égard, un groupe de musique qui, à première vue, peut se confondre avec tant d’autres dans le bouillonnement souterrain de Téhéran. Mais Kiosk surprend et étonne car il ne tente pas de compromis avec les règles de censure. Le groupe est totalement à contre-courant des règles de bonne conduite de la République Islamique Iranienne. Le groupe s’est formé en 2003 grâce à Arash Sobhani, accompagné de Ali Kamali à la basse, de Ardalan Payvar à l’accordéon et de Tara Kamangar au violon. Kiosk mixe les styles, allant du folk iranien, au style gypsy et à la musique rock. Le groupe est une équipe innovante de par sa mixité homme – femme, entre les trois musiciens et la violoncelliste Tara Kamangar.

Le groupe s’est fait un nom avec son art considéré comme plus qu’« inapproprié » par les services de la culture en Iran. Et, pour cause, cette musique est un véritable échappatoire face à un environnement politique contrôlé et étouffant. Elle regroupe des morceaux qui sont un moyen de se retrouver pour ces jeunes musiciens, de jouer où ils le peuvent et de s’évader.

S’exerçant d’abord en secret dans des sous-sols, ou chez des amis, le groupe a été obligé de faire un choix du fait de la répression et de la censure. Paroles parsemées de références comiques, politisées et très critiques du pouvoir, le groupe a dû se mettre en pause à cause du courroux des autorités. Voulant vivre librement leur art, les membres de Kiosk sont partis s’installer au Canada et aux Etats-Unis. Répartis entre ces deux pays, les membres du groupe collaborent à distance, s’envoyant les morceaux et textes d’un pays à l’autre.

Cet exil a été paradoxalement une bénédiction pour le groupe, arrivé en Amérique du Nord en 2005. Ils enregistrent la même année leur premier album « Adam e Mamooli » (Un homme ordinaire). Lointaine époque que celle où le groupe répétait dans leur cave calfeutrant acoustiquement chaque espace pour éviter les arrestations. Passé ce premier album, six autres ont suivi, dont le dernier en 2014 « Zang Bezan Azhans » (Appel un taxi).

Populaire dans la diaspora iranienne, se retrouvant pour parcourir les salles du monde, le groupe est désormais un énorme succès. Alliant un style original, des textes engagés et encore plus corrosifs qu’avant, Kiosk pousse avec humour la musique iranienne vers ses meilleurs retranchements. Se moquant pêle-mêle de la société de consommation, de l’hypocrisie des officiels iraniens, de la décomposition de cette société, le groupe offre une critique acide de l’Iran actuelle.

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Kiosk © Mostafa Rajaai

Before going on stage. London, 2010
© Mostafa Rajaai