A la Galerie de la Maison des Initiatives Etudiantes, à Paris, la jeune photographe franco-iranienne Rox Khorasani nous ouvre les yeux sur sa région d’origine : le Khorasan. Un voyage à la fois naturaliste et poétique, à la rencontre non de silhouettes, mais de personnes dont l’âme vibre sur les images. Interview.
Comment es-tu arrivée à la photographie ?
C’est l’Iran qui a inspiré mes premiers clichés, à 17 ans. Mon père est né à Mashhad, seconde plus grande ville du pays, et important lieu de pèlerinage. Le 8e imam du chiisme duodécimain, Rezâ, y est enterré. C’est une ville méconnue des voyageurs occidentaux.
Quels sont ta méthode et le but de ton travail ?
J’ai toujours utilisé un appareil photo numérique. Je n’ai pas encore de grandes connaissances techniques, mais je pense avoir un ‘regard’, je repère bien les choses. Mon intention est de témoigner d’une autre réalité de mon pays, d’une richesse culturelle, humaine et de montrer l’inaccessible. Je suis assez déçue par la vision caricaturale véhiculée par les médias en France, bien que l’opinion commence à évoluer depuis la signature des accords sur le nucléaire iranien (juillet 2015, ndlr). Ma démarche est apolitique.
Quelles photographies ont particulièrement marqué le public lors du vernissage parisien ?
Les deux images du couple lors de leur mariage. Il s’agit de membres de ma famille. Les clichés ont la vie dure au sujet du mariage islamique : en Iran, le divorce est autorisé par l’islam chiite, bien que difficile à obtenir si la demande émane de l’épouse. Le taux de désunion en Iran est assez élevé (un mariage sur quatre à Téhéran, source women.ncr-iran.org, ndlr).
Pourquoi avoir choisi de photographier les agriculteurs de safran ?
Le Khorasan est la première région productrice de safran au monde. Je souhaite rendre hommage aux paysans qui le récoltent et faire connaître une plate-forme de commerce équitable qui encourage la permaculture, Keshmoon. Le safran est une des solutions aux problèmes de sécheresse dont souffre la région car sa production demande relativement peu d’eau.
Ton exposition évoque une autre initiative écologique, les écoles de la nature. Cette question est-elle importante pour toi ?
Oui, cela rejoint mon intention de montrer au public français une image positive, moderne et complexe de l’Iran. J’ai choisi ce sujet par conviction : je me suis engagée auprès de ces écoles qui permettent aux enfants de Masshad d’apprendre à respecter l’environnement. Comme en France, les enfants des grandes villes iraniennes sont coupés de la terre.