Torabyeh. Le rap palestinien de la résistance

Capture d'écran de la vidéo Ghorbah. Crédit : Torabyeh sur Youtube

Révolte et désespoir. C’est ce qui transparaît de la musique du collectif Torabyeh, un trio palestinien qui redonne au rap militant ses lettres de noblesse.

Collectif regroupant trois rappeurs d’origine palestinienne (Saed Masannat, Spiro Mukurker et Ahmed Shehadeh) basés à Amman, Torabyeh se crée un univers où la résistance est le maître-mot de la création rythmique. Dans Ghorbah (Aliénation), en collaboration avec Husam Abed, les mots et les idées s’imbriquent avec aisance. Une impression singulière frappe dès les premières secondes : le texte devient palpable et de plus en plus pesant. Les mots ne sont pas juste là, ils nous pénètrent de toute leur portée, d’une charge émotive et cruellement réaliste. Les vers de Torabyeh sont ceux de la rage, du désespoir, de la haine et de l’aliénation qui constitue le quotidien de ces rappeurs.

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Torabyeh ne ménage ses critiques à l’égard de personne, sans concession et sans langue de bois. La société jordanienne qui voit en eux des étrangers, ainsi que le peuple palestinien qui se morfond. Les rappeurs dépeignent une douleur indélébile qui ronge une nation consciente de sa propre défaite. Il s’agit surtout, comme le personnifient les bandeaux dans la vidéo, de décrier un aveuglement entêté quant à une réalité inéluctable : l’impératif du mouvement, l’impératif de l’action. Le peuple palestinien est si obnubilé par la révolution, qu’il en oublie de la faire. Il s’est aliéné.

L’écriture est un moyen pour le groupe de sortir de l’apathie ambiante qu’il dénonce, de montrer qu’il veut rompre avec l’inertie, qu’il cherche à ouvrir la voie au mouvement. Il ne s’agit pas de dénoncer pour dénoncer, mais d’utiliser l’engagement artistique comme une lame, à la fois arme et boussole. Au terme de leur discographie, le rap retrouve ses lettres de noblesse : il reprend pleinement ses droits comme lieu d’expression, de revendication et, surtout, de critique. Au fond, malgré la grisaille environnante, il y a toujours une place pour l’espoir.

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