Du déni de la culture arabe au sein de l’élite marocaine

« C’est drôle, quand tu parles en arabe, on a l’impression que tu traduis instantanément à partir du français. »

Cette remarque, qui se voulait innocente et anodine fait bouillir le sang dans mes veines et rougir mes joues de colère. La honte qui m’envahit immédiatement me pousse à marmonner une critique en retour, alors même que mon interlocutrice désemparée guette un soupçon de satisfaction dans mon regard noir. Car oui, son observation était censée être un compliment.

Dans mon pays – et ce n’est sûrement pas le seul – maîtriser les codes occidentaux est le signe d’une élévation sociale et le gage d’une intégration optimale. Parler français, s’habiller à l’occidentale et même ressembler physiquement à cet autre qu’on idéalise, sont autant de signes de l’appartenance à une élite qui se détache et veut se distinguer de la populace. Il n’est donc pas étonnant que les yeux bleus soient autant appréciés que les cheveux raides ou la peau blanche. Nul n’est surpris de remarquer que parler dans un français parfait vous vaudra plus d’attention auprès d’un serveur ou d’un banquier.

Cependant, la particularité de cette forte tendance à l’occidentalisation qui caractérise l’élite et qui épargne peu de pays en développement ; est qu’elle s’accompagne d’un haut degré de déni de la culture propre au pays. En effet, alors même qu’elle est censée incarner l’espoir d’un développement qui fait la part belle à la culture marocaine, l’élite est éduquée à la détestation de celle-ci.

aaroubi3roub’s ou encore chmax, ces mots qui fusent ça et là  font tous écho au côté répugnant et détestable qui qualifie sélectivement certains aspects de la culture arabe. Si le caftan est maintenant décliné dans toutes les formes et accepté au sommet, aller en cours avec du henné sur les mains après un mariage relève presque du suicide social dans certains établissements.

Ce déni est basé sur la dichotomie identitaire qui sépare la classe aisée de la classe populaire et qui pousse chacune d’entre elles à s’identifier par opposition à l’autre. Comme l’explique le philosophe Agamben dans Homo Sacer, la société se fonde sur la mode de l’exception. Le mot « exception » vient du latin « ex-capere » qui signifie « pris en dehors » ou « inclus sur le mode de l’exclusion ». Cette expression paradoxale indique tout simplement que la société se crée en se saisissant des éléments indésirables qu’elle repousse en dehors d’elle ou plutôt à sa lisière,  traçant ainsi le cercle qui la fonde. Ainsi, dès qu’on en a les moyens, on préfère fuir les paysages à couper le souffle du désert marocain pour avoir un voyage en Europe à raconter à ses amis, suspendus aux lèvres de ceux qui ont quitté le pays pour rejoindre l’autre rive de la Méditerranée. De même, le Maroc a beau être champion dans la production de certaines marchandises, le marocain de base est rassuré d’acheter des produits qui viennent d’ailleurs tant sa confiance dans la qualité du produit local est faible.

A la lumière de cette analyse, on comprend mieux pourquoi, animés par un mimétisme aveugle qui les pousse à ressembler aux occidentaux et les amène de se définir par opposition à la classe populaire, les marocains de la classe aisée accordent autant d’importance à la langue arabe qu’aux produits locaux ; autrement dit pas beaucoup.

Sont-ils les seuls ?

La fatalité de la reproduction sociale est telle que ce déni finit par gagner toute la société car certaines strates sociales agissent à leur tour par mimétisme en cherchant à ressembler à l’élite. Comme l’explique Bourdieu dans La distinction, la vie en société conduit à la fabrication d’une culture légitime associée à la classe dominante, celle des ayant droit par opposition à la culture populaire : celle des non ayant droit.  Cette définition de la culture pousse la classe populaire à exprimer son désir de manière triangulaire, en élisant les objets du désir conformément à la phrase : « je désire comme ceux qui sont en droit de désirer »

Guidés par la soif d’être enfin inclus dans le cercle social au lieu d’être ce qui le délimite, certains marocains cherchent à ressembler à l’élite en s’efforçant de parler français même lorsqu’ils ne maîtrisent pas la langue et « substituent à l’objet du désir des imitations paupérisées. » Le simili étant au cuir ce que les t-shirt Versace de la médina sont aux vrais polos hors de prix.  J’en parle avec plus de détails dans un autre article.

Lisez aussi : Bouzebal, un marocain d’en bas ?

Cela ne veut pas dire qu’il faudrait bannir le français pour régler tous ces problèmes, cela serait bien trop facile. Il s’agirait plutôt de faire en sorte que les cultures coexistent sans qu’il y ait de hiérarchie  entre elles.

 

Les lycées français et privés responsables ?

Quoi de plus paradoxal que de fustiger le déni de la culture arabe dans un article écrit en français ? C’est assez culotté, j’en conviens. Malheureusement, je suis moi-même prisonnière de cette structure sociale dont je vous parle, alors même que je tente de la disséquer. En effet, un mélange d’utilitarisme et de pragmatisme pousse les marocains à privilégier le français aux dépens de l’arabe.

A l’évidence, les lycées français et privés étant ceux qui dispensent la meilleure éducation de cette langue, sont prisés par la classe aisée et moyenne et cela contribue à renforcer une reproduction sociale d’ores et déjà criante. Cependant, l’erreur que beaucoup de gens commettent est de penser que ces lycées français sont justement ceux qu’il faut tenir pour  responsables du déni de la culture arabe. Ce n’est pas l’éducation en arabe qui est mauvaise dans ces lycées mais c’est l’approche des élèves à la langue et à  la culture qui est critiquable. Il n’y a pas d’autres responsables que les parents qui n’inculquent par à leurs enfants l’importance de leur culture en la sacrifiant sur l’autel de l’utilitarisme professionnel. Je ne m’attaque pas ici au problème de l’usage du français au Maroc, c’est un autre débat,  je cherche seulement à attirer l’attention sur celui du déni de la culture arabe dans notre pays.

Oui, J’ai été dans un lycée français depuis la maternelle, et oui j’ai appris l’arabe classique, étudié la poésie d’Abou Al Kacem Al Chabi, la philosophie d’Al Jabiri et lu plus de deux livres de l’exquis Naguib Mahfouz. Je ne peux me targuer de maîtriser cette langue à la perfection, bien que je le souhaiterais de tout mon cœur, mais c’est être de mauvaise foi que de dire que les conditions d’apprentissage n’étaient pas fournies. Tout est une question de volonté et elle doit venir des élèves aussi.

De plus, le problème du peu d’intérêt vis-à-vis de la langue arabe ne peut être identifié à ce lui de la prolifération des lycées français car même dans les lycées marocains, la manière d’enseigner la langue ne la rend pas intéressante et vivante. Est-ce la une problématique inhérente  à la langue arabe classique même ? Peut être sa complexité y est elle pour quelque chose mais il me faudrait toute une autre tribune pour développer cette idée.

En attendant, quelque soit votre classe sociale, soyez fiers de votre langue et de votre culture, c’est ce qui vous rend différents du reste du monde.

14 commentaires

  • Taha dit :

    Oup là, le sujet n’est pas aussi facile que ça, j’en conviens, je voudrais juste m’atarder sur un point : La responsabilité des élèves et celle des parents.
    Je ne suis pas tout d’accord, de mon expérience professionnel, je n’ai jamais mis les pieds dans un lycée Français ni même dans un lycée privé Marocain.
    J’ai fait toute ma scolarité d’adolescent dans l’école Publique : Collège et Lycée. Mon père est un diplômé de la faculté de droit ou il a étudier toute la jurisprudence en Arabe classique, lui même venant d’un Bac littéraire, je pouvait le surprendre entonner d’innombrable vers ou écrire des critiques en Arabe, écouter du Dehman el Harrachi etc…

    Ce n’est pas la responsabilité des élèves ou de ceux des parents, ni même celle de l’état, c’est bien la responsabilité de la langue ( Et des nationalistes Arabes qui ont hisser une langue en forme de coquille vide pour l’abandonner progressivement en la censurant et en purgeant son patrimoine culturel littéraire et artistique.)

    Les nouvelles figures qui écrivent en Arabe, et on les connait très peu, et je pense pourtant qu’ils existent. Il suffit de les chercher, mais il n’éxiste pas de presse spécialisé dans le domaine, et celà reste très opaque pour trouver l’information ( Onorient pourrais peut être en proposer ? ).
    Il faut donc pour l’avenir d’une langue, un foisonnement culturel qui l’a fait naitre (1), Que la langue soit vivante, or l’Arabe classique est une langue morte (2), une langue figée depuis 1400ans, avec interdiction d’y rajouter de nouveaux mots, une langue vivante est d’abord une langue qui vit avec son temps, combien de mots se rajoute au Larousse chaque année ? Combien pour l’Arabe ? Utiliser une langue c’est d’abord pour communiquer, le français obéit à ce rôle, l’arabe dialectale aussi dans une autre mesure. L’Arabe classique non.
    Des enfants qui utilise un ordinateur en Français, des jeux vidéo en Anglais, qui parle dialecte, et qui lisent des Bds en Français, en regardant des dessins animées en arabe classique, n’est ce pas trop leurs demander ?

    Autrement, comment voulez vous, vous intéressez à une langue lorsque les derniers
    écrit en Best scellers, Romans, parutions etc… se rapproche du néant
    au Maroc, Promenez vous dans n’importe qu’elle bibliothèque de Rabat
    vous trouveriez que des ramassis de livre qui traite de religions ( De
    sahih l’Boukhari jusqu’a Muslim etc… ils y sont tous ). Justement
    parce que ce genre d’écrit est subventionné par les pays du golf.
    Quand je rentre chez un bouquiniste de Rabat, il y’a rarement quelque chose en Arabe, que ce soit ceux d’Agdal ou ceux de la vielle ville. pourtant, il y’a bien des bandes déssinées en Arabes, de la lecture pour jeunes, mais sa présence dans l’espace public est infime, elle n’est ni encouragé par la politique culturel des autres états arabes, ( Sauf peut être pour le Liban, mais cela est à vérifier. ) ni par notre état. il faut une politique clair qui subventionne le livre, s’occupe des rééditions, des émissions de télé sur les nouvelles parutions de livre, ( au lieu d’une émission satirique sur comment faire des ablutions ou comment respecter son voisin dans le respect de la religion ).
    Les livres de poches que vous voyez dans les librairies, ce n’est pas l’état Marocain, c’est justement l’état Français.

    Le sujet est vaste et complexe, mais je ne suis pas d’accord avec l’analyse d’Onorient cette fois. l’Arabe classique n’est pas délaissé par la haute bourgeoisie ou la classe moyenne, c’est la langue non réformé qui les a abandonnée. j’ai toujours eu l’impression que nos parents et nos grands parents avait un dialècte Marocain ou Algèrien qui se rapprochait un peu fidèlement de l’arabe classique, ils ont aussi vécu un temps ou le nationalisme arabe était vicace, le temps d’Oum Keltoum, de Dahmane el Harrachi, de Najib Mahfouz. Cela a jouer en leurs faveurs.
    Confronté à la suprématie d’internet, à la violence de la mondialisation, à l’essorage du dialecte qui divergent de plus en plus de la langue Arabe classique, nous, jeunes n’avons plus beaucoup de raison pour penser Arabe.

    Oui, nous traduisons, du Français vers de l’arabe, du dialecte vers l’Arabe, du Chelha vers l’Arabe, de la langue « pratique » parlé vers la langue figée « non parlé » qu’on impose encore et qu’on refuse toujours de reformer.

    (1) et (2) : Rachid Aous : Au déclin de la civilisation Arabo-Musulmane. : Chercheur en Ethnomusicologie qui a écrit un excellent livre sur le sujet aux éditions Dar al Ouns.

    Je m’excuse des coquilles et des fautes d’orthographes, j’ai séché deux trois cours au primaire.

    • Hajar dit :

      Je partage ton avis en ce qui concerne la langue arabe et c’est justement pour cela que je dis « Est-ce la une problématique inhérente à la langue arabe classique même ? Peut être sa complexité y est elle pour quelque chose mais il me faudrait toute une autre tribune pour développer cette idée. ». Fouad Laroui en a une analyse très intéressante dans le drame linguistique marocain et je suis tout à fait d’accord avec tout ce que tu as relevé. Je savais bien que c’était un sujet épineux et complexe auquel je me suis attaquée et je ne pense pas qu’il y ait UN seul responsable. C’est un mélange de responsabilité que se partagent, la langue, l’éducation, l’état, les parents ET les élèves eux mêmes. C’est sur ce point que nos avis diffèrent. De plus je ne pense pas que le problème soit uniquement une question de langue, c’est bien ce que je cherche à montrer dans l’article.

      • Slaoui Mehdi dit :

        Même Fouad Laroui qui a traité du drame linguistique marocain dans tout un livre n’a pas réussis a réunir tous les avis. Moi, personnellement, marocain, de parents et grand parents Marocain (ayant vécu 6 ans en France de mes 20 à 26 ans) je dit :

        Je ne suis ni arabe, ni berbère. Je suis Marocain, ma langue maternelle
        est le darija et ma culture est Marocaine. Je n’ai rien avoir avec
        l’arabe.

        Au primaire, on nous a inculqué une langue qu’on ne parle pas, et c’est pour cela qu’elle est délaissée.
        Dans la rue on parle une manque qu’on n’écrit pas, et du coup, on ne comprend plus rien à l’origine de la communication. Moi, je parle à longueur de journée en Français, tout simplement parce que ce n’est qu’en Français que je m’exprime le mieux. C’est cela le but

  • Marocain dit :

    Je ne vois vraiment pas comment ce « site » de onrient se dit représenter l’orient (et par conséquent le Maroc) alors qu’il nous pond, de un des sujets en francais (langue non marocaine pour un site destiné aux marocains) , et de deux des sujets qui concernent 0,01% de la population marocaine si je puis dire par excès.
    Si quelqu’un est avant tout décu de ne pas bien paler se langue, je ne vois pas pourquoi il est allé aux bancs de la mission alors qu’une école marocaine se trouvait dans son quartier? Certes le système marocain peut être mauvais, mais je suis fier d’avoir appris l’histoire de mon pays et pas les gloires de Napoléon et autres Charles Martel. Si vos parents ont fait un choix pour vous, assumez le, vous êtes plus francais que marocains et c’est une vérité que vous devez vivre avec au lieu d’essayer de combattre parce que ce ne changera rien.. Vous qui vivez déja en France, epanouissez-vous et vivez votre liberté tant que vous êtes chez vous :) Nous au Maroc on en est encore à scolariser les petits dans les montagnes..
    En fin de compte, si vous êtes vraiment interessés par le culture de votre pays d’adoption, à savoir le Maroc, n’ayez crainte et foncez, parlez Arabe/berbère tous les jours avec vos parents et proche, et vous verrez de vous même qu’il n’existe plus facile. Après si vous persistez à parlez francais à longueur de journée avec eux, et venez vous lamentez de votre accent ici, je ne saurais trop vous répondre..

    • Hajar dit :

      « Si vos parents ont fait un choix pour vous, assumez le, vous êtes plus francais que marocains et c’est une vérité que vous devez vivre avec au lieu d’essayer de combattre parce que ce ne changera rien.. » Vive le fatalisme! Si tout le monde pense comme toi on ira très loin…

      Le but de cet article est justement de faire prendre conscience aux gens de l’erreur consistant à privilégier les héritages d’autres cultures aux dépens de la notre. Je ne dis pas qu’on doit faire un choix entre elles et je ne prétends pas avoir la solution au problème. Je cherche juste à mettre au jour des mécanismes qui sont souvent inconscients, guidés par des conventions sociales et du mimétisme. Désolée de le faire avec mes moyens. Pour ton info, on apprend l’histoire du maroc EN ARABE dans les lycées français à raison de deux heures par semaine. Quant à l’anecdote, elle ne me concerne même pas, on me l’a racontée et je l’ai trouvé intéressante.

      Tu as bien raison, la culture intéresse peu de monde (mais peut être pas 0,01% de la population non plus) aujourd’hui au Maroc et elle est tout le temps sacrifiée sur l’autel du cours termisme économique et c’est BIEN DOMMAGE. C’est pas pour autant qu’on doit accepter ce peu d’intérêt comme une réalité et ne pas chercher à la développer. Ce qu’on fait sur le site ne mange pas de pain, on est pas payés pour, pas d’argent gaspillé, biiiiikhir. En ce qui concerne la langue, il est dans nos projets d’écrire en arabe… Patience, tu y trouveras peut être un compte un jour mais en attendant, un peu d’indulgence serait la bienvenue.

    • Fatine dit :

      Je trouve que ce site est une très bonne initiative. Déployer son énergie pour attaquer les autres, ce n’est pas une démarche constructive. Ton commentaire véhicule de la méchanceté gratuite bien que politiquement correct. Ce n’est pas parce que certains ont été scolarisés dans des établissements français qu’ils n’ont pas étudié l’histoire de leur pays, tu serais même surprit par ce qui est enseigné dans ces lycées en termes de langue et de civilisation arabe. Ce sujet est au coeur des préoccupations du Maroc d’aujourd’hui puisque l’identité est le ciment des peuples. Et il concerne de plus en plus de marocains compte tenu des carences du système éducatif national, tu n’as qu’à voir les files de plus en plus longues de Marocains devant les ambassades qui ne demandent qu’à s’exiler pour étudier. Si toi tu es fier d’avoir appris l’histoire de ton pays, alors ceux qui ont appris non seulement l’histoire de leur pays mais aussi celle des autres pays devraient l’être doublement, la double culture est une richesse qui permet de voir le monde autrement. Quant à l’argument qui consiste à traiter l’Autre de Français, simplement parce qu’il manie bien la langue de Molière, ou parce qu’il n’a pas étudié dans le même système que toi, n’est d’aucune utilité dans le débat, bien au contraire, il montre la posture destructrice dans laquelle tu te trouves qui consiste à exclure l’Autre au lieu de composer avec. Rassure toi nous n’essayons pas de « combattre » ce que nous sommes, être ouvert au reste du monde, ce n’est pas une maladie.

    • SuperHadda dit :

      Salut,
      Les lycées français proposent depuis quelques décennies je crois déjà, le programme International au Baccalauréat en Arabe. Ce programme, sache le, dépasse les heures d’études et le niveau d’analyse des écoles marocaines, privées et publiques confondues (à part peut être les élèves du sud du Maroc qui maîtrisent mystérieusement bien l’arabe classique !) grâce aux 6h par semaine de littérature arabe qui comprend : lectures suivies, analyses, compositions, dissertations et explications de texte. Une formation complète qui n’est malheureusement pas généralisée à tout le Maroc.
      Ce sont donc bien les élèves qui choisissent s’ils veulent ou pas approfondir leurs connaissances en Arabe.

      Quant à ton argument malin : « Si vos parents ont fait un choix pour vous, assumez le, vous êtes plus
      francais que marocains et c’est une vérité que vous devez vivre avec au
      lieu d’essayer de combattre parce que ce ne changera rien.. ». Qui demande aux érudits en langue arabe classique d’aller vivre en arabie saoudite et d’arrêter de « combattre » ??

      Enfin, il est probable qu’un étudiant du lycée français maîtrise les langues mieux qu’un autre élève, quelle que soit la langue, car la rigueur et le sérieux font partie de cette formation. Un sérieux et une rigueur permis par de forts moyens financiers, et c’est cette différence de traitement dans l’éducation qui pose problème. Je pense que cet article, bien qu’il ne fasse que pointer du doigt le problème de la hiérarchisation des cultures en versant presque dans le relativisme absolu, essaye justement de mettre l’emphase sur ces aspects sociaux là.

      À réfléchir…

  • Nostalgique dit :

    LE pire aujourd hui c est que meme la langue arabe est moins maitrisée qu auparavant dans les établissement publics à vocation » arabisation »… quant au français n en parlons meme pas!un véritable désastre!nous arrivons en fin d étude avec des diplomes coquilles …incasables!le bilinguisme avait fait ses preuves par le passé pourquoi l avoir combattu?

  • azar dit :

    Le titre de cet article m’a beaucoup interpellé, intéressé et attisé ma curiosité.

    Malheureusement ce dernier est trompeur, jusqu’au dernier paragraphe, j’ai cherché, en vain, que vous souleviez le problème de la langue berbère. Comme l’a laissé entendre Taha, l’arabe est une langue importée qui a connu sa gloire avec les mesures d’arabisation dans un but politique aux dépens d’une culture et d’une langue plus antérieure dans cette région.

    En ce qui concerne la culture arabo-berbere ou l’identité marocaine, aujourd’hui et à mon humble avis, elle se matérialise linguistiquement dans cette langue que j’appelle le marocain « darija », un mélange de français, de berbère, d’arabe, d’espagnole … qui montre si bien le pluralisme que connais notre pays depuis des siècles.

    Et si dans une volonté de vouloir à tout prix, récupéré la culture de cette région du monde, ne cherchez pas plus loin que nos frontières nord-africaines.
    Nous avons déjà une langue bien complète qui ne demande qu’à être revalorisée.
    Mais nous, comme vous le dites si bien, nous aimons ce qui est étranger..

    • Hajar dit :

      Vous avez raison en ce qui concerne la culture berbère, je n’ai pas vraiment abordé la question parce que cela complique encore plus la tâche et surtout, je ne me sens pas avoir suffisamment de connaissances pour le faire (même si je le suis à moitié). Le résultat étant que j’ai un peu mis les deux dans le même panier, je l’avoue, mais c’est parce que le but de la démonstration n’était pas de définir ce qu’est la culture MAROCAINE (question on ne peut plus ardue) mais de mettre au jour le problème de la HIÉRARCHISATION des cultures à travers quelques exemples. Merci pour cette critique constructive!

  • K dit :

    L’article devrait plutôt s’appeler « du déni de la culture arabo berbère chez 200.000 résidents au Maroc ». C’est très superficiel de résumer le Maroc aux familles de marchands et de fonctionnaires qui éduquent leurs enfants à Lyautey et Descartes.
    Le Maroc est un pays très régional. On aurait pu parler de déni de la culture francophone dans le rif au profit du berbère et de l’espagnol, de la culture berbère à Oujda et l’est du pays…
    Le tropisme casaoui ou bien celui « de Rabat » ,qui est pire, pourrait être effleuré par les généralités de cet article.

    • Nizar Idrissi Zouggari dit :

      Hmmmm.
      Si je peux me permettre d’intervenir, les 200.000 dont tu parles (ceux que tu appelles les « résidents au Maroc », comme s’ils n’étaient pas Marocains) sont ce que l’on peut appeler l’élite (économique, financière, politique etc.). Il s’avère que cette élite, comme toute élite, dans un pays, est productrice de sens, du fait de la domination qu’elle exerce, le sens qu’elle produit étant beaucoup plus facilement « diffusable » dans toutes les strates de la société, alors que dans le sens inverse, beaucoup moins. Je pense qu’il est donc pertinent de parler de cette situation étant donné qu’on n’est pas dans une approche où l’on se dit : « les marocains renient leurs origines », mais dans quelque chose de plus subtil à mon sens : « comment les élites marocaines occidentalisées produisent-elles du sens social, sociétal, culturel, politique qu’elles réussissent à transmettre de façon diffuse au reste de la société » :)

  • saida dit :

    permettez moi de vous dire que le sujet dont vous parler est une réalité qu’on peut constater que dans les grandes villes du pays et encore dans certains quartiers que vous fréquentez peut être!!! j’ai une chance de connaitre du monde de toute classe sociale, allez visiter Hay el farah personne parle français on parle le vrai darrija à hay hassani (et ce n’est pas une honte ) et la liste est longue et c’est des gens qui sont bien dans leur peau, et quand je suis au quartier CIL les gens parlent plus français ; il faut visiter les villes berbères on entend que le berbère et ainsi de suite il faut arrêter de généraliser, y’en a ras le bol des leçons de moral celui qui veut parler français qu’il le parle et c’est valable pour les autres ;le marocain à d’autre souci dans la vie je crois que de s’attarder sur ce sujet ; et pour finir n’oublions pas que on vit dans un monde de plus en plus ouvert c’est à chacun de nous de préserver son identité.

    • Hajar C. A. Hajar dit :

      Heureusement que ce n’est pas le cas de tout le monde!! Loin de moins l’idée de généraliser, d’ou l’usage du « je ». C’est un témoignage personnel.
      Je pense que la lecture des autres commentaires est assez utile pour comprendre ma démarche.  »
      Je ne sais pas si t’as remarqué mais le titre excepté, je parle de l’élite » et de la « classe aisée » dans toute la première partie de l’article. Nous sommes donc à priori d’accord sur le fond. J’émets ensuite une hypothèse sociologique en m’appuyant sur Bourdieu pour expliquer en quoi ( à mon avis), une partie de la population (peut être uniquement la classe moyenne) agit par mimétisme. D’où l’ampleur du phénomène selon moi.
      De plus, même en admettant que cela soit vraiment isolé, ça n’est parce que c’est un phénomène à ampleur réduite qu’il ne faut pas en parler et essayer d’attirer l’attention sur ses manifestations. Surtout vu que cette tranche de la population est fatalement, celle qui prend les décisions pour le Maroc de demain. Je n’ai pas de prétention autre que partager mes pensées dans cet article et le titre est peut être trompeur mais il peut être lu de différentes façons. L’une d’entre elle (celle à celle la que je pensais) étant :( qu’en est-il )du déni de la culture arabo berbère dans la société marocaine? Sans généralisation aucune.
      A part ça, merci de réduire l’article à ce qu’il n’est pas. »

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