«Beyrouth Street » revient sur l’histoire du hip-hop au pays du cèdre et sur les histoires plurielles de ses activistes qui font vivre la scène beyrouthine.
Réalisé et produit par le journaliste, rappeur et animateur radio Salim Saab, ce documentaire donne la parole aux différents protagonistes de la scène urbaine libanaise actuelle. On y croise les cinq disciplines du hip-hop : artistes, rappeurs, graffiti artistes, danseurs, beat boxer et DJ. Aux détours des rues et des open mic de Beyrouth, on découvre le caractère underground de cette scène artistique qui unit tout-e-s les libanais-e-s, confessions et statuts sociaux confondus.
Au Liban, des activistes de toutes les communautés religieuses se rassemblent sous la bannière de l’art urbain : pour Salim Saab, « c’est ça la puissance du hip-hop ». Le titre du documentaire est d’ailleurs inspiré du film Beat Street, classique des années 80 sur la culture urbaine aux USA. Lorsque le hip-hop émerge aux EtatsUnis, c’est la guerre au Liban.
Il faut donc attendre les années 90 pour que la scène hip-hop émerge sur le territoire libanais. Salim Saab nous promène dans son Beyrouth à lui, le Beyrouth qu’il aime et qu’il connaît bien. On y découvre un monde du hip-hop créatif, riche, énergique et en pleine ébullition : entre musique, danse et graffiti, l’univers du hip-hop vient colorer la ville, lui offrir une ambiance que l’on retrouve partout, tant sur les murs, au moyen des bombes de peinture, que dans les bars, via le rap.
Depuis plus de vingt ans, « la ville qui ne meurt pas » regorge d’artistes de toutes disciplines, au point d’être même considérée par certains comme le berceau du graffiti arabe. Le graff a eu un impact important après la guerre de 2006. Les jeunes redécoraient les murs de la ville. Dans les rues, l’initiative séduit, les habitants connaissent et remercient ces artistes d’un genre nouveau. Si les graffitis se fondent dans le paysage urbain, la culture hip-hop continue de se développer progressivement au Liban. « Le rap arabe est encore nouveau, nous sommes en train de construire cette culture, cette scène au Liban et dans tous les pays arabes. » – Malikah.
Les artistes libanais-e-s ont d’abord commencé à rapper en anglais et en français avant de faire le choix conscient de rapper en langue arabe pour être compris de tou-te-s. Les premiers morceaux de rap dans la langue du Coran choquent, ils sont une dégradation de la culture islamique. Aujourd’hui, le rap libanais est encore underground mais marqué d’un activisme certain.
Le monde du hip-hop sous l’objectif de Salim Saab forme un univers aux multiples facettes dans lequel les acteurs s’approprient la ville, ré-inventent les codes et questionnent les réalités urbaines. Beyrouth Street dépeint la réalité du hip-hop beyrouthin sous un angle artistique, urbain et moderne, et rend ainsi hommage aux influences diverses qui ont façonné et fait changer ce mouvement artistique. Et au-delà du hip-hop, c’est aussi un superbe hommage à la ville de Beyrouth.
Article écrit par Antoinette Reyre